RFC
Radio Francophonie Connexion
Madame la Présidente de la Commission de la condition de la femme, Ambassadrice et Représentante permanente de l’Irlande auprès des Nations unies,
Madame la Coordinatrice du Réseau francophone pour l’égalité femme-homme , Mesdames et Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs les chefs de délégation, Mesdames et Messieurs les Ambassadrices et Ambassadeurs, Représentantes et Représentants permanents auprès des Nations unies. Chers amis, Je voudrais tout d’abord vous dire combien il est stimulant de voir la régularité avec laquelle vous répondez présentes et présents à la concertation de haut niveau organisée en marge de la Commission de la condition de la femme. Nous nous étions réunis, ici même, voilà un an, presque jour pour jour, à l’occasion de la 61ème session de la Commission de la Condition de la femme. Et nous sommes très honorés d’accueillir, pour la première fois, la Présidente de la Commission de la condition de la femme, Madame l’Ambassadrice, chère Géraldine Byrne Nason, merci de votre présence à nos côtés aujourd’hui, et par là-même de l’intérêt que vous témoignez à la Francophonie, à ses actions de longue date en faveur des femmes. Madame la Présidente, chère Lydia MUTSH, Ministre de l’Égalité des chances du Grand-duché du Luxembourg, je veux ici saluer l’engagement de la Grande Duchesse et du Grand Duc au côtés de la Francophonie notamment sur la question des femmes. On se souviendra que c’est à Luxembourg que s’est tenue, en 2000, la 1ère Conférence des femmes de la Francophonie. La force du message de la Grande Duchesse a été fortement appréciée à la 2ème Conférence réunie en novembre dernier à Bucarest et son appel à mobiliser la communauté internationale en 2019 autour des violences faites aux femmes. L’OIF s’est engagée à être de la partie. Madame la Ministre Oumou TRAORE TOURÉ, Ministre de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, je veux saluer la vaillance des femmes maliennes, leurs voix fortes ont beaucoup résonné en janvier dernier sur les violences faites aux femmes. Madame la Coordinatrice du Réseau francophone pour l’égalité femme-homme, chère Ndioro Ndiaye. On ne vous présente plus, le mot engagement suffit lui aussi à vous qualifier : un engagement sans limites et de tous les instants au service des femmes et de toutes les femmes. Mesdames et Messieurs, J’insiste sur « toutes les femmes. » Car, nous savons les disparités qui existent entre les femmes, elles-mêmes. Entre celles qui ont et celles qui n’ont pas. Entre celles instruites et celles qui n’ont pas eu cette chance. La liste est longue des disparités entre nous et c’est à l’une d’entre elles que nous avons souhaité porter une attention particulière aujourd’hui. Si naître femme est un combat, tant les inégalités sont persistantes entre les femmes et les hommes, naître femme en milieu rural défavorisé est un double combat, tant les fossés se creusent dans nombre de nos pays, entre milieu urbain et milieu rural. Nous pouvons nous réjouir, bien sûr, de voir des jeunes femmes éduquées, formées au commerce, aux technologies de l’information et de la communication, et qui sont à la tête de très petites, petites ou moyennes entreprises. Des jeunes femmes qui ont défié les inégalités en matière d’accès aux responsabilités, qui ont acquis leur autonomie financière, des jeunes femmes libres de choisir quand elles se marieront, et auront des enfants. Des jeunes femmes ouvertes sur le monde. Elles ne sont pas que du Nord, mais aussi du Sud. Elles sont d’Afrique, d’Asie, de la Caraibe, du Pacifique, du Moyen Orient, d’Europe centrale et orientale. Elles s’investissent dans l’économie numérique, l’économie verte ou bleue, l’économie sociale et solidaire, l’économie du savoir et d’autres filières tout aussi innovantes. Nous pouvons nous réjouir devant tant de femmes entrepreneures épanouies, imaginatives, volontaires, et que je vois à l’œuvre avec détermination, dans le cadre notamment des nombreuses articulations de notre programme de soutien à l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes. Et je les vois aussi pleines de tempérament au sein des chambres de commerce et d’industrie, toutes ces chambres consulaires que nous rencontrons et avec lesquelles nous travaillons. Et elles sont venues très nombreuses à Bucarest. Nous avons réussi à rassembler 850 participantes et participants, dont plus de 700 femmes entrepreneures et de la société civile venues, devant les ministres que nous avons aussi réunis pour l’occasion, porter témoignage de leurs réussites mais aussi des obstacles qu’elles continuent à rencontrer. Elles se sont constituées en réseau à la Conférence de Bucarest qui leur était dédiée : le Réseau des femmes entrepreneures de la Francophonie. Elles ont voulu disposer d’une plateforme numérique innovante, performant, complète, multidimensionnelle et stratégique pour bien ancrer, poursuivre et amplifier ce qu’elles ont initié à Bucarest : pour agir de manière concluante et porter des projets ensemble, pour échanger, créer des passerelles, construire ou renforcer des liens, les plus expérimentées pouvant agir à titre de mentor auprès des plus jeunes, pour une mutualisation des modèles inspirants et partager les meilleures pratiques. Nous avons conçu l’outil et, sous le regard des membres du conseil nommées à Bucarest, ce 8 mars nous avons officiellement lancé au Siège de l’OIF à Paris, la Plateforme de réseautage des femmes entrepreneures de la Francophonie, parfaitement opérationnelle et déjà très fréquentée. Les partenariats et les maillages ne tarderont pas. Et elle est ouverte aussi aux hommes et aux jeunes entrepreneurs. Les femmes ont trop pâti d’être exclues des cercles des hommes, elles font donc le choix d’être inclusives, pour qu’ils apprennent aussi de ce qu’elles ont à offrir. Oui, si de plus en plus partout et dans tous les domaines, les femmes s’imposent. De plus en plus d’hommes aussi s’engagent. Mais, nous ne pourrons nous satisfaire de nos avancées, tant qu’il y aura ces millions de femmes laissées pour compte, ces femmes qui participent pourtant largement à la production agricole et à la transformation des produits ; ces femmes qui ont pourtant un rôle essentiel dans le développement de la sécurité alimentaire ; ces femmes qui constituent 43% des travailleurs agricoles de par le monde, ce chiffre atteint même 70% dans certaines régions ; ces femmes qui, malgré tout, ne jouissent que très rarement des mêmes droits que les hommes, notamment en ce qui concerne l’accès à la propriété terrienne, au crédit, à l’éducation, à l’information agricole, et même aux soins de santé. La crise alimentaire et économique mondiale de même que les changements climatiques n’ont fait qu’aggraver leur situation. 60% des personnes victimes de famine chronique sont des femmes et des filles. Alors comment expliquer, là encore que, malgré ce que l’on sait, la mobilisation ne soit pas plus importante ? Car on sait, avec certitude, que si les femmes avaient le même accès que les hommes aux ressources productives, elles pourraient augmenter de 20 à 30% les rendements des exploitations agricoles. On sait, avec certitude, que les gains de productivité réalisés en garantissant aux femmes l’égalité de l’accès aux engrais, aux semences et aux outils pourrait permettre de réduire le nombre de personnes affamées de 100 à 150 millions. Ces femmes agricultrices, je les rencontre aussi, comme au Niger il y a un an. Je pense par exemple aux femmes de Goubé et à leurs toutes jeunes filles aussi, qui jusqu’alors, à l’instar de tant de millions de femmes en zone rurale, étaient happées par la corvée de l’eau pour arroser une terre aride et en tirer de maigres ressources qui suffisaient à peine à assurer les besoins alimentaires de leur famille. Il faut savoir que collectivement, les femmes d’Afrique subsaharienne consacrent, chaque année, 40 milliards d’heures à la collecte de l’eau. Eh bien ces femmes de la commune de Goubé au Niger, grâce à une application de télé-irrigation installée sur leur téléphone portable, en composant 3 chiffres, sont maintenant capables de gérer l’arrosage de leur champ à distance, le démarrer et l’arrêter, y compris lorsqu’elles sont en train de vendre leurs produits sur les marchés locaux ou régionaux. Un système d’arrosage au goutte à goutte, donc sans gaspillage d’eau, peu couteux qui ne demande qu’une toute petite plaque solaire pour la capacité énergétique. Désormais, ces agricultrices - qui sont aussi souvent éleveuses - peuvent s’occuper de leur bétail, défricher de nouvelles parcelles, jouir d’une plus grande mobilité pour commercialiser leurs produits. Bref, ces Nigériennes gagnent du temps, récoltent plus, gagnent un salaire plus élevé et peuvent se consacrer davantage à leur famille. Elles s’émancipent. Leurs filles vont à l’école, se projettent dans des études, un métier. Du coup, elles sont à l’abri des mariages forcés et des grossesses précoces, leurs mères qui ont subi ce sort m’ont dit dans un cri du cœur, combien elles sont heureuses et soulagées de voir leurs filles y échapper. Je tiens à souligner que c’est un jeune homme, dont nous avons accompagné les travaux dans le cadre de notre stratégie numérique auprès de milliers de jeunes, qui a mis son ingéniosité au service de toutes ces femmes. C’est exactement le genre d’initiatives sur lesquelles l’OIF avance via son programme de promotion de l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes que j’évoquais précédemment. En milieu rural, nous soutenons la création, le développement et la pérennisation des TPME du secteur agroalimentaire, en leur offrant des services mutualisés d’incubation, des dispositifs d’accompagnement structurant ; nous assurons une formation technique sur les métiers, la production et la transformation des produits agricoles ; nous proposons une éducation financière des femmes ; nous contribuons à valoriser les produits locaux transformés auprès des distributeurs et des consommateurs locaux. Dans le cadre de ce programme l’OIF a jusqu’à maintenant accompagné plusieurs centaines d’entrepreneurs dans les secteurs de l’agriculture et de l’agrobusiness, dont plus de 80% de femmes. Je pourrais vous parler aussi de notre Projet francophone d’appui au développement local (PROFADEL) qui a pour objectif de renforcer les capacités et les initiatives de développement des communautés de base dans des localités rurales et péri rurales. 80% des bénéficiaires sont des femmes. Les projets que nous avons financés ont contribué à leur autonomisation, ont amélioré leurs conditions de vie par la génération de revenus supplémentaires ; cela a permis aussi de créer ou de consolider des emplois. Je pense aussi à notre Fonds d’impulsion pour l’économie locale (FIDEL) de la commune de Taiba N’Daye, au Sénégal, un fonds de garantie mis à la disposition des productrices et producteurs, et de divers groupements totalisant 8293 membres dont 6638 femmes avec 3596 emplois créés ou consolidés. La démarche a été dupliquée par le gouvernement sénégalais dans 5 autres régions. Deux communes du Togo s’en sont inspirées pour mettre en place un fonds similaire. C’est là aussi un rôle important de l’OIF : agir en catalyseur, en facilitateur de réussites. Si j’ai tenu à vous donner ces différents exemples, c’est pour montrer combien l’engagement de la Francophonie en faveur de la condition des femmes, s’attache, à travers son plaidoyer et ses actions, à prendre en compte toute une diversité de problématiques souvent connexes. Qu’il s’agisse, bien sûr, de l’autonomisation économique des femmes, y compris en milieu rural, de leur accès à l’éducation, à la formation, au marché de l’emploi, à l’entrepreneuriat, à l’innovation qui a donné lieu, en 2015, à l’adoption d’une Déclaration francophone sur l’autonomisation économique des femmes, et d’un Plan d’action pour une mise en œuvre effective et concertée de cette Déclaration ainsi que des recommandations issues de la Conférence de Bucarest. C’est ce Plan d’action qui sera soumis à votre approbation à la fin de notre concertation. Qu’il s’agisse, aussi, de l’égalité femme-homme et de la lutte contre toutes les formes de discrimination qui a donné lieu à la création, en 2013, du Réseau francophone pour l’égalité femme-homme et qui nous a conduits à plaider, en 2014, pour le maintien d’un objectif dédié dans le nouveau programme de développement pour l’après 2015. Qu’il s’agisse de la promotion et de la protection des droits des femmes, notamment en matière de violences, qui a donné lieu, en 2010, à une Déclaration francophone sur les violences faites aux femmes et aux filles, suivie en 2013 d’un Plan d’action. Qu’il s’agisse aussi du rôle des femmes en matière de paix et de sécurité. Dans tous ces domaines, nous agissons, animés d’une solide et unique conviction : la conviction que les femmes, mais aussi les jeunes sont des vecteurs de paix et des acteurs de développement incontournables. C’est au sommet de Dakar sur ce thème que j’ai été élue Secrétaire générale de la Francophonie et que j’ai fait la promesse que ce ne serait pas un simple thème, mais une volonté bien chevillée à la feuille de route adoptée par les chefs d’État et de gouvernement avec comme axe majeur une stratégie économique qui se devait d’être inclusive, développée au plus près des populations, dans une dynamique de coopération plus robuste, plus concertée et plus coordonnée. Francophonie des peuples et Francophonie des solutions. Le Sommet d’Antanarivo qui suivra le dira aussi en son thème : croissance partagée et développement responsable, conditions de stabilité de l’espace francophone et du monde. On ne peut penser une croissance et un développement en ces termes autrement que de manière inclusive de toutes ces forces vives, de ce capital humain inestimable que sont les jeunes et les femmes. Tous les jeunes et toutes les femmes, qui sont aussi de puissants générateurs de changement, de stabilité, de revitalisation, comme l’illustrent les exemples que j’ai souhaité partager avec vous. Et nous en avons tiré toutes les conséquences, en décidant d’adjoindre à notre stratégie numérique, à notre stratégie économique, et à notre stratégie jeunesse, une stratégie égalité femme-homme qui sera soumise à l’adoption des chefs d’Etat et de gouvernement, lors du Sommet de la Francophonie à Erevan, en Arménie, en octobre prochain. Numérique, économique, jeunesse, égalité femme-homme : Agir sur tous ces fronts essentiels, et agir toujours mieux ensemble, telle est notre philosophie parce que c’est à travers ces secteurs et ces acteurs que nous pourrons prétendre véritablement progresser au service d’une croissance partagée et d’un développement responsable. Je vous remercie.
RADIO FRANCOPHONIE CONNEXION EN DIRECT EN BAS
Contact: info@radiofrancophonieconnexion.com/ Copyright 2018
|